Peinture interactive

1968

" Tania Mouraud conçoit Peinture Interactive peu après la destruction du reste de sa production picturale par l'autodafé mémorable de 1968. Si la structure kaléidoscopique de l'oeuvre conserve la planéité et la verticalité du tableau, elle rompt en revanche avec son unité formelle et sa stabilité initiales, chacune de ses plaques hexagonales étant permutable et orientable à loisir. Le visiteur contribue à des compositions dont l'artiste n'est plus l'auteur exclusif. Interactive, l'oeuvre poursuit la démystification amorcée plus tôt par le Groupe de recherche d'art visuel (GRAV), qui exigeait en 1963, dans son second manifeste "un spectateur conscient de son pouvoir d'action", capable de "faire lui-même la vraie 'révolution dans l'art'". Tania Mouraud participe également du cinétisme du groupe ZERO, tout en profitant de l'émulation de Fluxus, qu'elle côtoie lors de son séjour à Düsseldorf de 1960 à 1964. Produits en Dibond, les modules blancs parcourus de lignes colorées intègrent par ailleurs une abstraction géométrique radicale à un design ludique et bon marché." Hélène Meisel