Desolation Row

2018

In the research on destruction and disappearance, on the subject’s fading and the advent of object’s rule, Tania Mouraud created the new series of photographs Desolation Row. It extends and renews the series Balafres (“Gashes”, 2014-2015) which unveiled the other side of an economic system that is driving to ecological disaster in the gigantic lignite basins of western Germany, turned into sinister moonscapes. In the new series, the artist chooses also the subject behind the scene in a French countryside renowned for its pastoral charm. Those fields of decaying haystacks were crafted by men and are now forsaken by nature which reveals itself through photography as the melancholic waste of an economic output. The orderly arrangement of chaos is all the more dramatic that picture’s desaturation and the plane's structure merging earth and sky impart Desolation Row a pictorial plasticity which is reminding the doomsday views of a desolate landscape by Anselm Kiefer. When vanishing lines are visible, they lead towards an apocalyptical sky and echo Saint John’s writing, which inspired as well Tania Mouraud in her series of Word Search : “And a third of the sun was struck, and a third of the moon, and a third of the stars, so that a third of their light might be darkened, and a third of the day might be kept from shining, and likewise a third of the night.” (Apocalypse, ESV, 8, 12). Going beyond the metaphorical register, Desolation Row is questioning social and economic entropy as it is showing the chaotic underside of a system which is presumed to be unchanging and foolproof.

Matthias BARTHEL


Dans les recherches que Tania Mouraud mène sur les notions de destruction et de disparition, d’assomption de l’objet et d’effacement du sujet, la série de photographies Desolation Row prolonge et renouvelle Balafres (2014-2015), qui dévoilait l’envers d’une économie conduisant au désastre écologique dans les gigantesques bassins de lignite allemands, transformés en paysages lunaires. Dans cette nouvelle série, l’artiste choisit également pour sujet l’envers du décor, celui, réputé bucolique, de la campagne française. Ces champs de meules pourrissantes façonnés par l’homme sont paradoxalement désertés de toute nature, nature qui se révèle à travers la photographie comme le déchet, le reste mélancolique de la production économique. L’organisation raisonnée du chaos prend ici une dimension d’autant plus spectaculaire que la désaturation de l’image et l’économie des plans confondant terre et ciel donnent à Desolation Row une plasticité picturale qui rappelle les vues apocalyptiques d’Anselm Kiefer et leurs horizons dévastés. Lorsqu’une ligne de fuite apparaît, c’est en effet vers un ciel d’apocalypse qui fait écho au texte de Saint-Jean, inspirant également Tania Mouraud dans la série des Mots-mêlés : « Et le tiers du soleil fut frappé, ainsi que le tiers de la lune et le tiers des étoiles, de sorte qu'ils s'obscurcirent d'un tiers. » (Apocalypse, 8, 12). Dépassant le registre métaphorique, Desolation Row interroge ainsi l’entropie d’une organisation sociale et économique en montrant l’envers chaotique et la désorganisation d’un système réputé stable, imparable et immuable.

Matthias BARTHEL